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8 août 2013 4 08 /08 /août /2013 10:42


Aujourd'hui jour de Jeudi nous fêtons la Korité en France. Pourquoi la France parce que c'est mon lieu de résidence tout comme un bon nombre de mes semblables. Hier, les mosquées ont annoncé le jour de l'Aid, au grand bonheur des fidèles. Un grand bonheur pour moi, empreint de mélancolie et de tristesse.
Je me suis souvenu de ces veilles de fête à Dakar, où la ville grouillait de monde et les gens s'activaient à préparer les festivités.
Triste, je me suis souvenu du matin de la fête avec le boubou étalé sur le lit de ma mère qui s'activait à repasser les habits de nous autres les hommes, nous secouant pour les sortir au plus vite sous peine de se voir refuser le service tant prisé. Eh oui il fallait qu'elle s'occupe aussi la brave du très bon Ngalakh que tous adoraient. Et mine de rien je faisais partie des goûteurs (safna soukeur wala doyna).
Je me suis souvenu de mon défunt Papa sortant ces chaussures flambant neuves; me cherchant du regard "Mamad je vais bientôt y aller là dépêche toi".
Je me suis souvenu de la marche pour aller à la mosquée, sous le froufou de nos boubous respectifs. J'arborais ce sourire fier du type qui n'avait nullement l'habitude de porter pareil attirail et qui devenait d'un coup de baguette un El Hadji.
Je me suis souvenu des petits clins d'oeil qu'on jetait aux amis assis aux environs avant l'appel du Muezzin.
Je me rappelle du discours de l'imam à la fin de la prière, ah assis avec Papa il fallait l'écouter en intégralité alors que les autres étaient déjà repartis à la maison afin d'aller déguster le Ngalakh et faire les premières ziarras.
Je me souviens de toutes les personnes venant saluer mon père, j'attendais tranquillement à ses côtés; et oui il en connaissait du monde le paternel.
Je me souviens de notre retour à la maison, les salutations aux proches et voisins; et on s'ébranlait lui et moi dans sa voiture pour aller faire la ziarra.
Je me souviens de toutes les étrennes que je me faisais dans ses longues balades, de toute la famille que je voyais. Les tantes, les oncles, Grand père, grand mère; ses proches amis. Et moi le petit chouchou dans ses basques.
Je me souviens de notre pause de 13h et du retour à la maison avec quelques uns de ses amis proches pour le repas de midi que Maman avait si brillamment préparé. Ah faut dire qu'elle sait y faire (je n'ose pas dire le sobriquet que Papa lui avait donné).
Je me souviens des après midi où mes potes m'attendaient pour aller faire des visites de courtoisie à quelques connaissances, féminines vous aurez compris. Et moi, toujours aussi timide je tremblais à l'intérieur de moi car n'étant pas très à l'aise dans cet exercice; enfin bref.

Aujourd'hui, en ce Jeudi je me suis levé ce matin; je suis aller prendre ma douche tranquillement et je suis allé à la mosquée. Mes yeux étaient devenus si humides mais je ne savais pas pourquoi; ces images ont commencé à défiler dans ma tête pendant que je récitais inlassablement le Takbir en groupe.
La chemise et le jeans avaient remplacé le boubou repassé par Maman. Mon voisin d'à côté ne me rappelait nullement Papa. Les rues d'Evry ne sont pas chez moi, mon pays mon Dakar. Mes yeux humides, mon coeur gros et mon esprit ailleurs. Je me préparais déjà à aller au boulot juste après la prière, quelle ironie du sort.
Mais une chose est restée, j'ai prié très fort pour tous ces êtres chers qui sont ou qui ne sont plus. Ces êtres qui m'ont apporté tant de joie dans ma modeste vie, ces êtres qui me manquent tellement et pour qui j'ai le plus grand amour et la plus grande estime.

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