J'ai vu cet homme, le regard que de reproches empli,
Mes ancetres l'avaient vendu dit-il, et j'etais son ennemi.
Suis-je coupable, suis-je vendeur? Je fis!
Suis-je geolier, suis-je acheteur? Non, on me dit!
On aurait pu avoir la même mère,
Tout comme nous partageons cette même terre.
Peut-être nos aieuls étaient-ils frères,
Un jour à jamais séparés par la traite négrière.
Je te regarde, victime de la percée hellène,
Et ta haine me cause de la peine.
Tu m'a dit que noir tu n'étais guère,
Oubliant la négritude si chère à Césaire.
Suis-je en colère? Oui belle maman!
Car je ne puis croire que la faute ait changé de camp,
Sans que le sang n'ait changé de couleur.
Oui, je vis toujours avec cette profonde douleur.
Je rêve de ce jour où ton regard s'illuminera,
De ce jour où enfin ton coeur m'acceptera.
On dansera au rythme du tam-tam et de la Tibwa,
On soupera certes avec mon riz et tes accras.
Fusses-tu Noir ou Marron, bel ami créole,
Nos ancêtres ont ensemble partagé les géoles.
Alors je chercherai à tes côtés tout ce qui nous lie,
Pour enfin reconcilier l'Afrique aux iles.
